Hommage aux victimes de la Guerre

21 novembre 2023

Le 14 novembre 2023, les murs de Barral accueillirent à la fois le nouveau chef de Corps du 8e RPIMa et une grande et belle cérémonie commémorative. En ce jour particulier, le Colonel de Courtivron, honora les classes de défense en venant visiter l’établissement et en signant officiellement le renouvellement de la convention qui lie nos classes au régiment de Paras.

Les élèves, très impressionnés par cette visite et cette rencontre, l’attendirent au garde à vous …ou presque ! au CDI, en lui faisant une haie d’honneur.

Le Colonel De Courtivron passe en revue les élèves de la classe de Défense de 2nde

Le Chef de Corps du 8 s’est prêté au jeu et a passé les troupes en revue, avant de s’asseoir aux cotés du directeur de Barral, Monsieur Gourgues, pour signer les documents officiels.

Signature de la convention de partenariat entre le 8ème RPIMa et le Lycée

Après avoir souligné les liens exceptionnels qui nous unissent depuis maintenant plusieurs années et qui s’enrichissent au cours du temps, le Colonel, a été « décoré » du bleuet de France par une des volontaires du lycée.

Tous les élèves et tous les personnels arboraient fièrement aussi ce bleuet, symbole de cohésion nationale et de soutien à nos armées et surtout à nos blessés.

Ensuite, le cortège s’est élancé vers le hall de l’établissement pour participer à la commémoration du 11 novembre et plus largement honorer la mémoire de tous nos morts de toutes nos guerres.

En compagnie du Général Aragonès et du Colonel

L’espace, devant la plaque des anciens élèves tombés au champ d’honneur, a paru bien étroit, car les soixante musiciens de la classe orchestre, composée d’élèves et de professeurs, dirigés par leur Maestro, Jean Louis Soulet, professeur de musique, étaient déjà installés aux côtés de la merveilleuse chorale des enfants de tous âges de Barral, dirigée par Eric Guinedor. Participaient aussi à la cérémonie de nombreux anciens combattants qui par leur présence aux côtés de nos jeunes renforcèrent la cohésion intergénérationnelle qui se trouvait aussi incarnée par les anciens de Barral venus en nombre pour cette cérémonie annuelle.

Le Colonel Pourcel et le Commandant Philippe, les maîtres de cérémonie, se chargèrent du bon déroulement de ce moment de communion patriotique, et le piquet d’honneur du 8e RPIMa, fier dans son uniforme de parade accompagna dignement l’ensemble : placement des troupes, entrées des porte-drapeaux, entrée des officiels, parmi lesquels le Général Roudeillac, le Général Réglat, le Général Aragonés. Le Colonel Pourcel, après une lecture rappelant la symbolique de la flamme du soldat inconnu, reproduisit le geste en rallumant cette flamme avec deux élèves des classes de Défense. Après un temps de recueillement, vint la lecture du discours.

Ce discours prononcé par Louis, Gabriel, Alexandra, Alicia et Léna a particulièrement résonné dans les cœurs de tous les participants. En l’écoutant nous ne pûmes nous empêcher de penser au Général Burkhard, le Chef d’Etat Major des Armées, qui nous avait honorés de sa présence l’an passé.  

« Voilà désormais un rendez-vous immuable, inscrit dans les tablettes du lycée Barral car, chaque année, nous nous retrouvons dans ce hall, devant cette plaque des noms des anciens élèves du lycée, pour commémorer les sacrifices consentis pendant la Grande Guerre et plus largement pendant toutes les guerres qui ont ravagé la France et l’Europe depuis. Ce discours composé de textes choisis par les élèves des classes de défense est le vibrant hommage à ces hommes, jeunes et valeureux, morts pour la France. Pour se souvenir de ces poilus, il nous reste leurs lettres. Ainsi, celle d’Eugène-Emmanuel Lemercier à sa mère le 22 février 1915 :

« Tu ne peux savoir, ma mère aimée, ce que l’homme peut faire contre l’homme. Voici cinq jours que mes souliers sont gras de cervelles humaines, que j’écrase des thorax, que je rencontre des entrailles. Les hommes mangent le peu qu’ils ont, accotés à des cadavres. Le régiment a été héroïque : nous n’avons plus d’officiers. »

Ce poilu harassé de fatigue et d’horreurs se raccroche à ce qui peut permettre de surmonter le plus terrible : l’héroïsme des soldats, leur courage. Ce même feu traversa l’esprit des résistants qui choisirent de se battre contre l’occupant nazi pendant l’occupation.  

Leur combat, leur engagement, leur sacrifice doit être rappelé chaque année. Il nous oblige ! En effet, les anciens soldats qui portaient la mémoire de leurs camarades, s’éteignent peu à peu, et les résistants de 39-45 aussi. « Quand le dernier d’entre nous sera mort, la flamme s’éteindra. Mais il restera toujours des braises. Et il faut aujourd’hui en France des braises ardentes ! » Par ces mots, Hubert GERMAIN, dernier compagnon de la Libération de Charles de Gaulle, lançait un vibrant appel à la jeunesse en l’exhortant à se mettre au service de la patrie, tout en cultivant son amour pour la France. Si nous ne cultivons pas cet amour de la France et de ses valeurs, nous risquons aussi de disparaitre : qui se battra sans la foi en son pays ?

Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, nous nous pensions à l’abri du retour de la guerre, et nombre de politiques nous avaient assuré que la naissance de l’ONU, et de l’Union Européenne, protègeraient désormais les peuples du retour de ce fléau.  Or, force est de constater que la guerre n’a pas disparu. Elle a changé de forme, et continue à déchirer les peuples, que ce soit au Yémen, ou au Mali, ou encore en Ukraine ou en Israël, au nom d’une idéologie mortifère : l’islamisme, c’est-à-dire l’utilisation d’une religion à des fins politiques. Dans ce contexte de tensions aiguës, il faudra bien se préparer au pire, et nos soldats se dévouent à la tâche au quotidien. Envoyés parfois loin de leur famille, sur des théâtres d’opérations extérieures hostiles comme au Tchad ou en Afghanistan, ils y défendent les intérêts et les valeurs de la France. Et lorsque la guerre se transporte sur notre territoire, ils incarnent le seul rempart solide qui garantira le salut du peuple français. Les Sentinelles d’aujourd’hui sont les dignes descendants des héros qui les ont précédés, et nous sommes ici, ce jour, pour célébrer leur abnégation et leur courage. « Le courage, c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort, l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense » disait Jean Jaurès. Le courage, c’est le dépassement de Soi, et les jeunes élèves du petit séminaire de Barral, acceptèrent de se sacrifier pour leur Patrie entre 1914 et 1918. L’amour de la patrie est un sentiment profondément enraciné dans le cœur de chacun, un lien indissociable qui unit un citoyen à son pays. L’amour de la patrie est un moteur puissant qui justifie tous les sacrifices et explique tous les engagements de ces hommes qui se sont battus pour leur pays. A travers eux, nous saluons aussi la mémoire de ceux qui tombèrent au cours de la 2nde guerre mondiale, mais aussi la mémoire de tous les soldats de toutes les guerres qui ont marqué l’histoire des XXème et XXIème siècles. Ces hommes sont nos héros car ils ont su réaliser, au prix de n’importe quel sacrifice, le plus haut idéal du devoir, c’est à dire s’oublier pour les autres, pour leurs frères, pour les valeurs de la France, et surtout la liberté. Se sacrifier, c’est renoncer volontairement à ce que l’on a de plus précieux, pour quelque chose que l’on juge être supérieur à ce que l’on cède. On sacrifie sa vie, on sacrifie son bonheur pour des êtres aimés, pour un devoir à accomplir, pour une idée que l’on croit belle, pour la Patrie, et c’est ce sacrifice qu’il nous est donné d’admirer chaque jour.

Beaucoup, en effet, se sont sacrifiés pour une idée qu’ils croyaient belle, la LIBERTE ! Celle qui était déjà chère aux Athéniens, les pères de la démocratie, dont Périclès qui rappelait « Il n’est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage ». Or cette « liberté chérie », comme l’écrivait le poète, n’est pas définitivement acquise et certains essaient de la détruire. Il nous faudra du courage pour la défendre. Les libertés d’expression et d’opinion sont plus que jamais menacées, et on l’a vu récemment, encore, avec l’assassinat d’un second professeur, après Samuel Paty, Dominique Bernard, à Arras, par un islamiste qui pensait ainsi éteindre les lumières de l’esprit. L’assassin cherchait un professeur d’histoire…, car l’histoire ce n’est pas qu’une discipline que l’on étudie, c’est notre passé et ce qui fonde le socle de Notre Nation. Un peuple sans histoire n’a pas d’avenir. Et notre présence, ici, ce jour, et nos pensées, permettent de maintenir vivant le souvenir de ceux qui, autrefois, par leur sacrifice, ont contribué au maintien de notre liberté.  Cette nouvelle attaque sur notre sol national a rappelé à tous l’ampleur du péril, et les victimes de cette nouvelle guerre commencent à se compter nombreuses : celles du Bataclan, de Nice, de Trèbes, les paras tués en 2012 à Toulouse, peu avant que l’assassin ne s’en prenne aussi à une école juive et à des enfants… et, aujourd’hui, nous assistons au triste retour d’une histoire que l’on pensait définitivement abolie.

Pour ces victimes, la solidarité nationale doit s’exercer pleinement et c’est aussi l’une des missions du Bleuet de France.  Ce Bleuet que nous arborons fièrement, et que les élèves vont épingler sur le revers de l’uniforme des représentants de notre unité marraine, le 8 e RPIMa, rappelle la mémoire des combats, et surtout, marque notre soutien aux victimes de guerre, comme à celles du terrorisme. Depuis sa création, en 1920, il a traversé l’histoire et a parfois failli tomber dans l’oubli, mais il revient en force avec le retour des conflits. Porter ce Bleuet de France, comme les Anglais portent le « poppy », le coquelicot, c’est montrer notre reconnaissance envers ceux qui s’engagent au service de notre pays et qui pourront aller jusqu’au sacrifice suprême, mais c’est aussi soutenir les blessés de nos armées.Ce jour, nous pensons donc à tous ces héros, connus ou inconnus, de toutes les époques, dont cette plaque honore la mémoire et le sacrifice. »

Le Colonel de Courtivron s’est ensuite adressé à la foule et a synthétisé, d’une voix claire et forte, l’essentiel à retenir, en trois points : l’esprit de sacrifice et de courage, la force de l’engagement et la nécessité de se tenir prêt à se battre s’il le fallait !

Après les discours et le dépôt de la magnifique gerbe que l’Association des Anciens de Barral avait commandée pour poser devant la plaque portant le nom de nos sacrifiés, la sonnerie aux morts retentit entre les murs du lycée, égrenant ses notes graves et lourdes dans une atmosphère de profond recueillement. Et la Marseillaise vint rompre la tristesse du moment en galvanisant les esprits.

La prouesse de la classe orchestre et la beauté du chœur des élèves marquèrent tous les participants qui sentirent leur gorge se nouer tant l’émotion était forte, surtout lors du « couplet des enfants ». 

Ce septième couplet de notre Marseillaise martiale, œuvre de l’abbé Antoine Pessonneaux, ordonné prêtre en 1785 suggère la transmission des valeurs aux jeunes générations qui porteront le flambeau demain et sa symbolique est fondamentale et précieuse pour pérenniser la nation.

« Nous entrerons dans la carrière

Quand nos aînés n’y seront plus

Nous y trouverons leur poussière

Et la trace de leurs vertus (bis)

Bien moins jaloux de leur survivre

Que de partager leur cercueil

Nous aurons le sublime orgueil

De les venger ou de les suivre ! »

La cérémonie se termina par une petite marche militaire, interprétée par la classe orchestre, pour accompagner le départ des porte-drapeaux, certains élèves, certains anciens combattants. Nombreux furent les éloges qui se multiplièrent pour saluer l’extraordinaire prestation qu’ils réalisèrent ce jour.

Anciens et plus jeunes, civils et militaires, au sourire qu’ils arboraient à la fin, incarnèrent la plus belle représentation de la notion de Communion Nationale.

Valérie Piétravalle, professeur d’histoire au lycée Barral, le 16 novembre 2023.

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