Enseignement Défense : Rencontre avec un reporter de guerre, Jérémy André

18 avril 2019

Reporter de guerre : Retour de Syrie


Photo de Jeremy André en Syrie extraites du site Vice
Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?

Plus jeune, Jérémie André avait le souhait de devenir écrivain. Mais en grandissant, il s’est confronté à la réalité des choses, vivre à part entière de l’écriture, est de nos jours quasi impossible. Dans un premier temps, il se destina au journalisme classique en tant que critique littéraire, mais par la suite il décida de se spécialiser et de devenir reporter de guerre, liant sa passion pour l’écriture et son histoire personnelle car il est agrégé d’histoire et fut un temps professeur dans un lycée à Paris. Bien que choqué par ce qu’il vit lors de son premier reportage lors de  la bataille de Mossul, il poursuivit sa vocation, et la continue encore de nos jours.  
Le métier en lui même
Tout d’abord, Jérémy André choisit sa thématique et fait des recherches : il « prépare le terrain ». Ensuite il réserve des billets d’avion à des dates d’aller et de retour précises. En revanche, pour certains sujets il prend un aller simple et en fonction de ce qu’il trouve sur le terrain, il décidera une date pour le retour. Par exemple, pour son dernier sujet en Syrie, il avait prévu, avant de partir, les dates de retour. Par ailleurs il nous a aussi parlé des femmes reporters de guerre. Il nous confie à quel point il les trouve courageuses car c’est un métier difficile, surtout par les risques encourus ( viols et agressions physiques par exemple).Elles ont néanmoins parfois des avantages : il affirme, ainsi que« dans certains pays on ne refuse rien à une femme qui sourit ».
Avez-vous peur des lieux dangereux vers lesquels vous conduisent vos missions ?
   Dans un premier temps, il nous confie que ce n’est pas tout le temps un métier passionnant car il y a un temps d’attente entre le moment où l’on demande de se rendre sur le terrain et le moment où l’on y va. De plus le ratio entre la présence sur le terrain et l’attente est grande, donc une fois sur le terrain la peur se dissipe car la recherche de l’info devient première. Par ailleurs, il travaille toujours avec un « fixeur » de confiance, ou des experts de guerre. Un « fixeur » est un autochtone du terrain sur lequel il
travaille. Dans le cas de la Syrie, il s’adressait soit à des turcs soit à des kurdes. Ce « fixeur » est important car il connait bien le terrain et les populations locales et il parle leur langue. En outre, il y a deux zones où Jérémy André a eu très peur. Notamment à Tapka, qui est une zone réputée dangereuse car les terroristes y enlèvent les journalistes. Il précise, par ailleurs que ce métier oblige à une extrême prudence dans les zones de conflit. Ainsi, il ne devait jamais dormir deux soirs au même endroit pour éviter les ennuis.
Ses conseils pour un jeune Reporter de guerre :
En arrivant sur la zone à couvrir, il faut immédiatement se faire connaître et se présenter comme journaliste surtout si l’on veut recueillir le témoignage des habitants. Il est nécessaire d’être précis et de noter tous les éléments qui feront du recueil de l’information une vraie information. On applique alors la technique des « 5 W »: « Who,When,Where,Why,What » en demandant à la personne interrogée son identité (nom, prénom et âge), en relevant le lieu de l’interview, la date et il convient ensuite de bien conduire l’entretien pour que la personne accepte de livrer son témoignage. Il faut aussi obtenir son accord pour être citée. Il faut savoir mettre en confiance le témoin en lui parlant, par exemple, de faits personnels semblables aux siens. Le rôle du fixeur (traducteur) est alors aussi très important. Pour finir, il faut toujours vérifier l’information apportée. C’est donc un travail minutieux et de longue haleine qui demande à la fois de la patience, de l’écoute, de l’empathie pour les victimes quand on les interroge après un bombardement par exemple.
Autrefois les reporters de guerre devaient courir vers des cabines téléphoniques ou appeler depuis leur hôtel pour transmettre leur « papier ». Désormais, ils ont le téléphone portable !
Pendant tout l’entretien qu’il nous accordé, Jérémy André a souligné que ses voyages sur des terrains de guerre lui avaient permis de faire des rencontres extraordinaires et il a notamment souligné le courage des Kurdes qui, y compris les femmes, se battent vaillamment pour détruire les restes de l’Etat Islamique. Sa culture historique et géographique est également un atout dans son métier car elle lui permet de mieux appréhender les réalités et de mieux comprendre les problèmes des populations qui en Syrie sont confrontées chaque jour à la guerre, à ses destructions. Il a ainsi pu nous expliquer toute la complexité de cet espace dans lequel l’Etat islamique a essayé de prendre pied en soulignant les tensions permanentes entre les différentes communautés.
           

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